L’atelier Grand à Sierre, et son fondateur Jean-Marie Grand, graphiste et «véritable artiste des arts appliqués», ont exposé en 2017 leurs créations à la Médiathèque de Sion. Une collection d’affiches hors du commun à découvrir, qui relatent tout un parcours contemporain de ce secteur très prisé.
Jean-Marie Grand est connu comme le loup blanc dans le monde du graphisme valaisan. Il travaille, crée, innove dans cet univers bien spécifique depuis plus de trois décennies.
Une exposition d’affiches qui est consacrée aux travaux de son Atelier, à la Médiathèque de Sion, relatant les grandes étapes d’un parcours professionnel et artistique hors normes. Parallèlement un livre est sorti de presse aux éditions Monographic de Sierre, avec de nombreuses reproductions en quadrichromie, et également des pages qui racontent son itinéraire si riche et polyvalent.
Un parcours atypique
Après avoir débuté sa formation avec une licence HEC à Lausanne Jean-Marie Grand conduira une thèse de doctorat intitulée «L’affiche, un cadre analytique».
En 1983 il se lance corps et âme dans le graphisme, marketing, publicité, un atelier qui deviendra Atelier Grand et Partenaires SA en 2013.
La communication, l’affiche, le graphisme, le visuel en général, ont pris une importance de plus en plus grande au cours de ces dernières décennies : «il y a 30 ans le secteur graphique était en plein développement, tout était à faire, nous avons connu une époque foisonnante, actuellement nous connaissons une certaine stabilisation du secteur.… » nous dit Jean-Marie Grand. «L’art graphique fait partie des arts appliqués qui consistent à développer une esthétique visuelle qui a pour but de faire de la publicité….une démarche complexe et captivante en même temps qui occupe six collaborateurs dans notre Atelier».
L’entreprise a occupé a au cours des années plus de vingt collaborateurs dont Bernard Moix, Chab Lathion, Jean-Claude Warmbrodt et bien d’autres. Aujourd’hui une nouvelle génération a pris la relève. L’exposition de la Médiathèque met en relief toute cette évolution et les travaux de l’Atelier Grand Partenaires qui est un leader cantonal et romand dans le domaine.
A noter qu’il a réalisé au cours de sa carrière des centaines d’affiches, 800 d’entre elles se trouvent aux archives de la Médiathèque Valais de créations graphiques. D’où viennent toutes ces idées, cette prolifération d’inédits, d’innovations, de nouveautés constantes qui collent à l’actualité? «Des idées individuelles et un grand travail d’équipe, qui résulte de l’imagination, l’esprit de création et le partage. »
Cécile Giovannini et les arts visuels, la peinture, l’illustration, la bande dessinée… une histoire de passion, d’osmose, de vocation même, ses parents ont l’âme créatrice.
Le geste artistique, elle le porte en elle-même comme une respiration profonde, en accord avec le monde qui l’entoure, mais aussi avec son univers imaginaire et onirique pour, dans les formes, les couleurs, les rythmes intérieurs, construire des histoires et des cosmos qui lui sont propres.
« J’ai suivi une formation de 5 ans à l’Epac, à Saxon. J’y ai étudié la narration, la peinture et le dessin académique. Après mes études j’ai eu la chance d’être rappelée par la directrice pour donner des cours d’illustration à l’Epac, une expérience enrichissante. »
Cécile Giovannini débute sa carrière évidemment par des travaux personnels mais également en s’engageant et s’intégrant pleinement dans le collectif.
Un Prix vient la récompenser et la motiver fortement en 2013, le prix jeunes Artistes suisses- Visarte.
«J’ai eu la chance de travailler dans des domaines de l’art très différents, souvent pour des musiciens et j’aime beaucoup ça, le visuel et la musique sont très complémentaires. Le premier à m’avoir fait confiance a été Disiz LA Peste, rappeur français qui fait carrière depuis 15 ans maintenant.. S’en sont suivies des collaborations avec les groupes Grand Pianoramax et Yellow Teeth ou avec la créatrice de bijoux Baies d’Erelle…»
«Mon travail, qu’il soit pictural, bande dessinée, ou graphique, parle de l’humain. L’esprit humain me fascine , ce qu’il cache, ses forces,ses failles. »
Cécile Giovannini affectionne aussi le portrait: «Un artiste contemporain que j’admire beaucoup, Andrzej Bed Narczyk m’ a dit une fois que mon travail était du «Réalisme mental», j’aime cette définition. »
La féminité
La féminité est chez Cécile Giovannini un thème récurrent, non pas dans sa technique ou son style, mais dans son symbole. «L’art me permet de me mieux me comprendre moi-même aussi, en tant que fille, en tant que femme.»
Imagination
Si on devait lui attribuer des influences et inspirations d’artistes majeurs, la critique a parlé de Henri Rousseau et de ses couleurs vives, de ses compositions franches. De Hopper avec son approche particulière de la temporalité, et même de Michel-Ange pour ses mises en scène, ses architectures, ses constructions magiques. On y découvre des personnages vifs, aux contours très précisément dessinés, avec cette pureté et cette distance à la fois, qui disent un monde qui nous interpelle et nous parle avec un verbe fort. Sa technique: la peinture à l’acrylique qui permet une expressivité et des modes de langages très hétérogènes. Ses principales influences proviennent tant du cinéma.
L’esprit de la nature souffle sur les dessins
de Gabriella Sulyok
Des mouvements d’air qui jouent avec la lumière, des forces de la nature qui s’expriment en lignes, formes et nuances colorées, des arbres qui s’élèvent vers le ciel dans leur verticalité, Gabriella Sulyok a exposé à l'automne 2017 à la galerie Graziosa Giger à Loèche.
D’origine hongroise l’artiste qui montre pour la première fois en Valais ses dessins et autres diverses œuvres a suivi des cours classiques aux Beaux-arts, puis une formation à la Haute Ecole de théâtre et de filmographie de Budapest.
Ses créations filmographiques ont surtout trait à la scène artistique hongroise , et elle nous parle aussi de l’histoire des costumes nationaux de plusieurs pays.. Gabriella Sulyok a également travaillé durant cinq ans dans un Musée archéologique irakien à Bagdad où elle a étudié, analysé, comparé les différentes civiliiations babylonniennes, sumériennes et assyriennes.
Ses travaux sont d’une extrême finesse et pureté, avec un touché très sensible, , en utilisant le graphite, la craie, sur divers supports dont le papier. La nature dont elle s’inspire est fréquemment personnifiée, sublimée, idéalisée, sombre et sauvage, pure et menaçante aussi. Un souffle spiritue habite les éléments, les phénomènes météorologiques nous conduisent dans des territoires tourmentés, lumineux, chaotiques. Des tons brun, chamoisés, d’écorce plus rouge, beige, blanc cassé, bleu opalescent ou d’outremer, traversent les cieux, les vagues, les rivières ruisselantes.
Un binôme original, photos artistiques et meubles d’art, la galerie Les Dilettantes à Sion a présenté récemment les œuvres de Marie Cecile Thijs et le travail de Projet Hidalgo.
Marie Cecile Thijs est une artiste néerlandaise dont le travail allie avec subtilité et ingéniosité l’influence des Maîtres anciens hollandais avec une touche contemporaine. Ses portraits sont des natures mortes et ses natures mortes deviennent des portraits. Les objets se distancient, de leur fonction, du temps et de l'espace. La réalité n’est pas toujours là où l’on croit la voir et pourtant, ce qui importe à l’artiste c’est qu’elle soit bien présente dans l’impression finale.
« Mon but lorsque les personnes regardent mes œuvres est de les persuader que tout cela est bien réel et existe. » MC Thijs
Le travail de Marie Cecile Thijs a été exposé aussi bien en Europe, en Asie qu'aux Etats-Unis et ses œuvres se retrouvent chez les plus grands collectionneurs et musées, du Rijksmuseum au Musée des Arts Photographiques de San Diego. L'artiste a également publié plusieurs livres dont les plus récents : Characters en 2013 et Food Portraits en 2015.
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Le Projet Hidalgo, installé en Valais, pratique pour sa part « la mise en volume d'idées. » C'est après leur diplôme en 2010 à l'École cantonale d'art de Lausanne en design industriel qu'Enrique, Geoffroy et Ambroise, menuisier-ébéniste, se groupent et créent Projet Hidalgo. Des pièces uniques ou en série, pour le domaine privé et public sortent de leur atelier,
Projet Hidalgo a entre autres travaillé avec le Musé de Bagnes, Prim’vin en 2017, ou la Foire du Valais en 2016.
Pour cette exposition est présenté une série de mobiliers monolithiques associant le vieux bois et la couleur, dans la continuité de la gamme Monolithes réalisée en 2012.
Les œuvres d'Antonie Burger ont été exposée cet automne à la Fondation Valette à Ardon
Des gravures inédites, fines et expressives, des huiles qui nous dévoilent des personnages tourmentés, fantomatiques, en errance, la Fondation Valette nous a proposé une exposition exceptionnelle de l’œuvre d’Antonie Burger : cet artiste hollandais installé dans la région sierroise durant quatre décennies est « un peintre d’une grande authenticité, avec une profondeur, un pouvoir de création et un souffle intérieur remarquable » nous disent Michel Buchs, plasticien et artiste peintre, et Ana Keim, qui sont les organisateurs de cette exposition.
Une cinquantaine de pièces sont à découvrir, « des gravures qui n’ont encore jamais été montrées, des huiles de la période hollandaise, des tableaux des dernières années, cette première rétrospective est importante pour la mise en valeur des réalisations de ce peintre, qui « compte » dans l’histoire artistique valaisanne ». Il s’agit comme le souligne Michel Buchs « de faire perdurer l’œuvre de Antonie Burger et nous avons également l’objectif de publier un ouvrage rassemblant spécifiquement ses gravures récentes. » Les tableaux ont été prêtés par des collectionneurs privés et les proches de l’artiste :Antonie burger, un personnage d’une grande présence, peu bavard mais expressif et au caractère bien trempé. Sur une photo , un visiteur lui demande que signifie son regard curieux, narquois et pourquoi les silhouettes de ses personnages peints ont toujours la tête penchée vers le bas il répond » « c’est pour mieux voir s’il y a un point rouge … » Qui dit que le tableau a été vendu…» L’itinéraire de l’artiste hollandais nous présente un univers poétique, envoûtant et inquiétant à la fois, mêlé de mélancolie et d’une certaine forme de nostalgie, des êtres éthérés, dont les âmes flottent dans des espaces clairs-obscurs traversés d’énergie.
“J’ai découvert la magie du digital lors de mes études”
Louisa Gagliardi , une artiste sédunoise qui est devenue internationale , une vraie représentante de la génération Y.
L’art évolue avec la technologie, les supports se modifient, l’imagination trouve des espaces insoupçonnés, la preuve vivante avec la sédunoise Louisa Gagliardi qui connaît depuis quelques années une aura internationale.
L’artiste réalise ses œuvres sur Photoshop, un moyen riche de mille possibles, avec un éventail de diversités créatrices insondable. New York, Bruxelles, Berlin,,, elle a visité et exposé dans de nombreuses capitales, traçant sa route avec détermination et déjà une belle maturité, une vraie représentante de la génération Y.
Comment est née votre « vocation » artistique et quel cursus avez-vous suivi depuis votre enfance?
Aussi loin que je peux me souvenir, j’ai toujours été bricoleuse, et par chance, mon environnement était favorable. Ma mère étant artiste, mon père architecte, ma marraine historienne de l’art, ma tante fleuriste, il y’avait toujours de quoi faire. Ma curiosité artistique fut également nourrie par ces derniers, on parlait beaucoup d’art, d’architecture et de mode à la maison, ainsi que pendant nos voyages, les musées et autres lieux culturels étant toujours au programme. Il y avait peu de doute: je voulais suivre une carrière artistique. J’ai donc fait un cursus Arts Visuels au collège de la Planta et suis ensuite allée à l’ECAL (Ecole cantonale d’art de Lausanne) pour un bachelor en design graphique. Pendant mes études j’ai été très attirée par l’illustration, qui a pu être développée pendant mes premières années après l’école, ce qui m’a amené aujourd’hui à ma carrière d’artiste.
Quelles techniques utilisez-vous dans votre travail et quels supports vous conviennent le mieux?
Durant mes études, j’ai découvert la magie du digital. Si j’utilisais beaucoup mes mains jusque-là, l’ordinateur et les nombreux programmes à disposition m’ont passionné et donné une liberté infinie pour mes projets. Si j’interviens encore manuellement sur certains de mes tableaux, l’ordinateur est définitivement mon meilleur ami.
Votre parcours international a -t-il des incidences directes sur votre processus de création?
Complètement. Même si nous avons aujourd’hui accès à tout avec internet, avoir la possibilité de voyager, de rencontrer les gens, de voir l’art en personne m’apporte énormément. Voir le regard des gens sur mon travail également.
Quels sont les artistes contemporains qui vous touchent le plus?
Il y’en a tellement! Pour en citer quelques-uns, en ce moment je suis très touchée par les travaux de peintres comme Jutta Koether, Carroll Dunham, Jana Euler et David Hockney dont j’ai pu voir deux rétrospectives dernièrement (dont celle en ce moment au Centre Pompidou à Paris, que je recommande vivement!)
Qu’avez-vous comme travaux en chantier actuellement?
Je travaille en ce moment sur une exposition au Louisiana Museum of Modern Art au Danemark, qui sera ma première réelle participation dans un musée (qui ouvrira le 9 octobre prochain), ainsi que sur mon prochain solo show à New York chez Downs & Ross qui ouvrira en février prochain. Et un petit livre également, ce qui me tient beaucoup à coeur puisqu’il joint mes deux pratiques, le graphisme et l’art.
Entretenez-vous encore des contacts étroits avec le Valais?
Evidemment. Tout d’abord, j’y ai ma famille, j’essaie donc d’y aller le plus souvent possible. Je travaille également en tant que graphiste pour le Musée d’art du Valais. J’y garde aussi beaucoup d’excellents amis d’enfance et du collège. Et surtout je suis pour toujours amoureuse de mon pays qu’est le Valais! (jmt)
Bio express
Louisa Gagliardi :
1989 Naissance à Sion.
2012 Elle reçoit un bachelor en design graphique de l’ECAL (Ecole cantonale d’art de Lausanne)
2014 Bourses fédérales de design pour son travail d’illustration et de graphisme.
Depuis 2015, Louisa Gagliardi focalise son travail sur sa pratique de peinture.
2016 Elle complète une résidence de 6 mois à la Fondation Suisse à Paris, offerte par le Canton du Valais, ainsi qu’une résidence de 2 mois à Los Angeles. Elle a récemment exposé, entre autres, à Pilar Corrias, Londres; Rodolphe Janssen, Belgique; LUMA Foundation, Zürich; Antenna Space, Shanghai; Tomorrow Gallery, New York, Istituto Svizzero, Rome et a été publiée dans le livre Vitamin P3: New Perspective on Painting, publié chez Phaidon.
Louisa Gagliardi travaille et vit à Zürich.
L’atelier « 16art » de Chez Paou a réalisé en octobre 2017 à Sion une exposition hors du commun. Les artisans-artistes ont ainsi insufflé une seconde vie à des objets abandonnés.
«L’existence n’est pas pour tous pas un long fleuve tranquille. Les cabossés de la vie de Chez Paou en savent quelque chose » affirme Jacques Gasser, organisateur d’une exposition inédite à la galerie de la Treille. Une expo qui vient valoriser leur engagement dans une expérience créative étonnante, ils fabriquent des objets utilitaires et des sculptures avec des matériaux de récupération. « Pour eux il est primordial de pouvoir se reconstruire après des parcours chaotiques qui souvent les ont fait douter d’eux, ne plus croire en rien et même se mettre en état de révolte ou de dépression.»
Un second souffle vital
L’atelier 16art propose ainsi une démarche très originale: « donner une seconde vie à des objets abandonnés au bord du chemin, un peu comme leurs auteurs souvent trop seuls, et leur apporter un second souffle, une envie de vivre, un esprit positif. »
Une entreprise reconstructrice pour ces artisans- artistes qui récupèrent, transforment et réhabilitent des matériaux abîmés, le tout également dans un souci écologique.
Une grande famille soudée
Le parcours de vie de Georges Antoniotti, l’un de participants,est éloquent et sa présence dans cette expo forte et symbolique : «après avoir eu des gros soucis de santé, je me suis retrouvé dans la dèche, sans logement, et Chez Paou a été pour moi un port d’attache. » La participation à 16arts ? il l’évoque avec enthousiasme : « ces créations que nous montrons à la Diète représentent un grande satisfaction ; c’est énorme d’être là, fantastique, avec 16arts j’occupe mes journées, pense à autre chose, et puis, pour moi, qui suis très sociable cela permet de créer des liens. Maintenant cela fait 7 ans que je suis indépendant mais je viens régulièrement fabriquer des sacs à main, des trousses de crayons, des sacs en bandoulière… » Une grande famille en quelque sorte que ce sexagénaire apprécie au plus haut point et qui lui tient le moral au beau fixe.
Pour Sergio qui a réalisé toutes les soudures des pièces en métal il relève: « les maîtres socio-professionnels m’ont beaucoup aidé. » Et puis comme il le souligne « il règne une bonne ambiance dans l’atelier, on se retrouve entre copains, on est joyeux, souriants, et puis il y a aussi une certaine liberté qui est très sympathique. »
L’ exposition exige également de la part des artistes qui ont fait montre de courage de grandes qualités esthétiques et manuelles. Leur expérience de vie prend forme au travers d’un engagement qui se traduit par des œuvres traversées d’énergies et d’un dynamisme créateur. Un univers sonore de Dimitri Güdemann habille cette exposition dont la production a été supervisée par Enrico Margnetti.
La Fondation Chez Paou s’engage et se montre
Cette exposition de l’atelier 16art est organisée sous l’égide la Fondation Chez Paou, qui suit, accompagne et soutient des adultes en situation de précarité et qui se trouvent souvent sans logement.
« L’objectif de l’exposition est faire réfléchir le visiteur au lien qui naît et se développe entre un individu et son environnement, sa famille,ses proches. Elle propose de questionner le spectateur dans les représentations qu’il en a et ouvre de nouvelles voies sur l’approche et l’appréhension de la problématique de la précarité ». Les œuvres présentées à la Treille sont d’une diversité impressionnante, avec des luminaires réalisés à partir de métaux et bois récupérés, des tables et mobiliers qui naissent à partir de palettes à qui on a assigné un nouveau statut et une nouvelle fonction, des sculptures en métal, des trousses et sacs en pneus et chambres à air. Une chaîne de fabrication qui implique des bénéficaires de la Fondation, qui sont par ailleurs des artisans de qualité au sein de l’atelier 16art et dont David Fournier a intégré les portraits dans la l’exposition de la galerie de la Diète. Ces artisans-artistes ont fréquemment eu des parcours sinueux qui peuvent se lire sur les sillons et les rides qui creusent leurs visages qui sont d’une authenticité, pureté, simplicité remarquables.
Les alpages roussis
le sommeil nocturne
des forêts lambrissées
les étoiles qui basculent
derrière le mont
le vol feutré
des chauve-souris
l'eau de la nuit automnale
est pure et vierge
le corps et l'âme
s'unissent dans une sérénité
d'opale lumineuse
inspiration d'un espace sans limites
En quelques phrases : il s’agit de l’histoire d’un écrivain en panne d’inspiration. Désabusé, il décide (par désespoir) d’installer son bureau d’écriture à même le sable brûlant de la plage la plus sauvage du sud de la Californie. L’apparition dans les rouages d’un inattendu grain de sable va rapidement faire complètement « foirer » son impossible labeur.
Mais qui est donc cette mystérieuse femme qui un lundi matin étend son linge de bain à côté de lui ? Pourquoi et comment réussira-elle à l’attirer – malgré lui, malgré sa peur de l’eau - dans les rouleaux déjantés et orageux du Pacifique ? Et que dire de ce serpent ? Sinon que devenu jaloux et agressif il réussira à envoyer en enfer notre écrivain. Un pur enfer de romancier, avec son cortège de nostalgies, d’abandons, de ruffians, de palaces niçois, d’amours improbables, le tout sur fond de découverte de quelques lieux mythiques de la Riviera italienne.
Et si la mort se tenait finalement en embuscade au bout de la route ?
L’autre jour mon éditeur me disait, qu’à bien réfléchir, mon roman devait se découvrir, allongé confortablement sur le sable chaud des vacances. J’ai bien aimé cette idée et je serais enchanté que mes lecteurs le découvrent de cette manière-là. Je les encourage. Même si - entendons-nous bien - la probabilité qu’un mamba vert et qu’une jeune-femme à l’accent suédois ne viennent troubler leur sérénité de juilletiste restera cependant faible…
Je garde aussi à proximité immédiate deux chefs d’œuvre (une nouvelle et un roman) de la littérature anglophone. Je les rouvre régulièrement, surtout lorsque tout va mal. « L’étrange contrée » d’Ernest Hemingway et « L’avenue des mystères » de John Irving.
Enfin lorsque je monte dans un avion pour un vol long-courrier, toujours j’emporte avec moi « Du monde entier au cœur du monde » de Blaise Cendrars. L’exemplaire qui m’accompagne au fil des ans sert régulièrement d’herbier aux fleurs des versants jaunis d’Hollywood et des forets pluviales malaises.