L'heure
de la neige
de la pluie sauvage
et puis...
le saut
la rupture
le discontinu
pour retrouver le calme
de la prairie en fleurs
les vagues de crocus
et de narcisses
et de lilas
Pelouses et landes alpines
désert de mots perdus
de gestes fugitifs
territoires d'âmes solitaires
la brise lèche l'espace vierge
sous la peau de tes mains
des veines violettes
le sang des gentianes
de haute altitude
le poids des voyages souhaités
les danses et les farandoles
des nuits oubliées
je respire fort
et me fatigue
à remonter le fleuve
à contre-courant
dans les cavernes
des époques glaciaires
non loin de ces os qui sont devenus
des instruments délicats
des mélodies éternelles
des paroles
de limon et d'argile
Le jour se lève
ventre gris clair de l'hirondelle
lumière labile
sur le fleuve tranquille
les mots commencent à voyager
ta voix fragile
le souffle de ton corps
chante dans l'espace nu
au loin
l'infini du temps
le désert de nos inconstances
qui module
notre avenir
La soie blanche
dans le silence du matin
il a neigé sur les abricotiers d'avril
pétales fragiles et campagne verte
les luminescences du verger
chavirent au-delà des collines
il fait clair
dans ton âme solitaire
Les poignets liés
de vents et de lumières
je me laisse glisser
sur la crête des forêts
dans le calice des crocus
mélodie légère
destinées à mourir
au creux du soleil blanc
Soleil fragmenté
sur la neige de mars
fétus de paille
au coeur de l'obscurité
poutraisons aériennes
et cages de verre
les buissons de forsythias
inondent mon regard
je m'y perds
en éclats déternité
j'y accroche mes espérances
mes écumes blanches
mes désirs oubliés
Rivières pourpres et blanches
houles et ondulations venteuses
bourgeons rosés
pétales nacrés
les abricotiers fleurissent
le printemps respire
sur tes lèvres
des mots des murmures
des serments éternels
Les plumes du jour
sur l'eau verte de l'étang
tes paroles discrètes
dans la lumière du silence
et les courbes du fleuve
fragiles et légères
qui emporte
mes prières
vers l'infini océanique
Au pied des falaises
le mugissement des vagues
la découpe somptueuse
des récifs
les remugles du vent
et puis plus haut
entre ciel et mer
la végétation de bruyères
de valérianes et de genêts
des vignes accrochées au vide
des sentiers en surplomb
et le soleil d'or
qui allume
des paysages de feu
de ceux qui font reculer l'obscurité
de la nuit à venir
(photo jmt)
Sur les berges du temps
cueillir des bouquets de lumières
des viornes et des saules
des cris de mésanges
dans la silhouette des pins
accrocher les souvenirs
et leurs transparences
arrêt sur image
les genêts se jettent
du haut de la falaise
dans la mer étale
au loin les vols nacrés
des anges silencieux
tout se juxtapose
s'accumule
se compresse
vents de poussières
sur les respirations océaniques
la sérénité
est à conquérir
(photo jmt-cinque terre)
Printemps naissant
Champs de coquelicots
fleurs de jasmin
je marche pieds nus
dans l'herbe folle
du printemps naissant
les parfums inondent
le jour clair
je bois
les paroles suaves
des premières tiédeurs
la vive appartenance
à un pays de soleil blanc
