La prairie peignée de vents salés,
les senteurs vivantes des andains dispersés par les rafales d'avant l'orage,
les murs de pierre sèche d'où sortent un orvet et une couleuvre rebondie,
les chants des criquets qui étendent dans l'air leurs sabres de fer blanc.
Puis, avec les heures qui tournent sur elles-mêmes,
se laisser rouler dans les vapeurs du soir,
chanter sur des airs de cithare à la lisière de la forêt,
fondre avec la cire beige de la bougie sur la table de noyer,
carrousel de chauve-souris dans les chevrons de la véranda,
la nuit et le jour respirent,
les corps pris dans une boue piquée d'étoiles dorées,
la vie se prolonge dans les marées d'un au-delà brassé de lumières mauves.