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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 19:41

Fragile existence

 

Le vent fou dans les cheveux verts des mélèzes, la clairière ouverte aux mille lumières, les pentes lustrées des alpages qui traversent les paysages silencieux de la montagne, leurs compositions magiques, les rivières polies par les eaux claires, la musique flutée du soleil blanc, les ailes transparentes des abeilles sur la colline fauve, le chant désespéré des bergeronnettes orphelines, la peur accrochée aux lambris de la pleine journée, les falaises d’où se jettent tous les errants et les vagabonds du bonheur, les sentiers serpentant le coteau et les vignobles géométriques, la berge déserte d’une écriture toujours recommencée, la vie s’accumule dans les parois d’une goutte de rosée, je te sens proche de moi, blottie dans la lueur d’une groseille matinale.

 

 

Procession à Chardonney

 

Sentier pascal , bordé de myosotis et de perce-neige, oraison primale dans l’incandescence des champs d’abricotiers, les cendres de nos pérégrinations s’envolent dans les paroles rares qui bordent nos silences, l’eau du ciel et ses résines d’améthyste guident nos regards, la brise murmure d’étranges prières, les processions ont abandonné des brassées de lys et de sapins vert foncé près des oratoires de Chardonney, recueillement et mains jointes, les gens du village célèbrent la Passion, la Résurrection à venir, celle des cœurs et de l’âme, au printemps naissant, dans la flamboyance des aubes fraîches. L’air est transparent, chargé d’ondes invisibles, ailes et mots bleutés qui rejoignent les arêtes effilées des Crêtes de Thyon, le jour est clair, nos corps et notre esprit le traversent comme une eau blanche, mêlée de pétales nacrés, la source glaciaire qui apaise la brûlure de nos souffrances

 

 

Nostalgie d’octobre

 

Au centre du jour

sur les vagues glaciaires et la montagne bleue

les soubresauts de la saison

les lanières du vent dans tes cheveux défaits

les errances des heures tièdes

les coups de boutoir du foehn endiablé

les promenades d’octobre sur les tapis

de feuilles jaunies

et le souvenir

dans les longues allés violacées de la nostalgie

 

 

• Heure tournante

• Vent du soir

• clairière allumée

• fuyantes libellules

• l’étang se marbre

• d’étoiles vibrantes

• le cadran de ses eaux

• dessine notre temps terrestre

• entrouvre des portes d’albâtre

• fige la nuit bleue

• au plus près de notre corps

• passage à gué

• la mort nous prend par la main

 

 

Alpe esseulée

 

• Le ruisseau et ses éclats de ciel brisé

• emportent nos mains jointes

• la forêt tremble de tous ses membres

• la tempête a fondu sur les hauts de la vallée

• fêlures du temps dans les craquements de mélèze

• les voix perdues sous les mousses

• chantent des airs oubliés

• enfance chevillée au corps et à l’âme

• dans les prairies de l’alpe esseulée

• courent les esprits de nos défunts

 

 

  • Confinement
  •  
  • L’ombre de ton corps
  • jetée sur l’herbe
  • les heures qui tournent
  • sur les hauteurs du peuplier
  • la pierre chaude
  • près de la berge
  • le cercle se referme
  • je suis pris
  • dans les interstices
  • de cette après-midi sauvage
  • une souris dans sa cage
  • de fer blanc

 

 

Orchère en pente douce

 

Le soleil blanc sur l’arête de granit

Les névés comme des épées luminescentes

Les chamois blottis dans les anfractuosités herbeuses

Et le vent

doux et léger

et le pierrier

muet et pesant

et les champs de rhododendrons

leurs calices de liqueurs rosées

et le bisse qui serpente

et suit les renflements de la vallée

et le pas

souple et vivant

battements magiques

 

 

  • Zénith
  •  
  • L’ombre du chocard
  • sur la table granitique
  • au sommet de l’arête
  • la tiédeur de la roche
  • qui emporte mes pensées
  • mon regard
  • vers la maison du ciel
  • les gentianes et l’eau forte
  • de leur bleu profond
  • les fissures de la paroi immobile
  • dans le soleil
  • le temps
  • s’est fait
  • grave et transparent
  • comme ton regard
  • sur le zénith de nos existences

 

 

Pré de février

 

Le corps du prunier

noir dans la vierge prairie

le givre matinal

 

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l’herbe fauve

comme un îlot silencieux

qui danse

entre hiver et printemps

un vol de moineaux

une poignée de cris frêles

au creux de mes mains

le ciel d’anémone

les pages de soie feutrée

dans tes yeux et sur ta peau

tout près de moi

je passe

un souffle sur les branches de mélèze

la clairière s’illumine

un premier matin du monde

 

 

  • Printze sauvage
  •  
  • La Printze écume
  • les tourbillons retiennent
  • la clarté du ciel dans leurs chevelures folles
  • les aulnes segmentent l’horizon
  • respiration sourde de la mousse
  • près du rocher humide
  • sur le visage de la rivière
  • des éclats de vitrail
  • mes doigts plongent
  • dans la lumière des frondaisons sauvages
  • une prière monte aux lèvres
  • celles des eaux primales
  • qui ont traversé la nuit

 

  • Les êtres disparus
  • Lumières  vertes et quadrillées
  • dans les fenêtres de la forêt
  • résines d'enfance
  • lait chaud au fond de la gorge
  • mémoire de chat errant
  • l'hiver approche
  • le vent court 
  • dans les allée silencieuses du cimetière
  • les êtres disparus se pressent
  • contre mon coeur
  • leur souffle m'ouvre les portes
  • d'une éternité
  • à jamais recommencée

 

  •       Foehn de novembre
  •  
  •          Aube safranée
  •          liqueur de bourgeons et de sapin
  •          le vent  cogne à nos portes
  •          une journée d'automne et de foehn sur le chalet
  •          les pensées se forment et se dénouent
  •          au gré des gestes affolés
  •          des branchages
  •          sorbiers braisés
  •          prairies dénudées
  •          une musique naît dans tes yeux
  •          les heures s'emplissent de mille voyages
  •          sous  la terre rousse 
  •          nos prochaines demeures
  •  

 

Endormissment

 

Les rues se prolongent

nues et désertes

les paroles  s'envolent

vertes et  sauvages

la ville s'endort

doucement

au bord du fleuve

calme

sans larmes

 

 

        

  • Encens de novembre

 

  • Le silence
  • muré de pierres sèches
  • habite l'espace vierge
  • géométries immobiles
  • dans la prairie vivante
  • ton souffle transparent
  • monte jusqu'au ciel 
  •  

 

  Apaisement

 

Les crêtes enneigées

le pierrier silencieux

les dentelures de tes mots

les fêlures du temps

le vent s'engoufre dans ma maison

apaisement de la nuit jusqu'à l'aube prochaine

 

 

 

 

Incarnation

 

  • Glissement des jours
  • respirations et tremblements
  • je te prends par la main
  • au-delà du pierrier
  • traverse la prairie rousse
  • regarde la pente raide
  • rejoins l'escarpement
  •  où paissent les chamois
  • et m'agenouille
  • face au ciel laiteux
  • prie une dernière fois
  • mon corps se défait
  • il devient lumière

 

 Voyage intérieur

 

  • Sur la balustre des monts
  • je dépose ma fatigue
  • verticalité du jour
  • clarté des eaux
  • le vent porte
  • ma douleur
  • au-delà des terres
  • le silence se couche
  • sur les landes désertes 
  • arrêt sur image 
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