Les Editions l’Aire bleue viennent
de publier «Les petits misogynes
»deCarlSpitteler.
Ce récit,
une nouvelle, fait partie des souvenirs
d’enfance de l’auteur datant
des années 1850-1855 et a
été publié dans la «Nouvelle Gazette
de Zurich»; elle a par la
suite été modifiée, remaniée,
corrigée pour une publication à
part en 1907.
Carl Spitteler fut soutenu par
des écrivains comme Romain
Rolland. Gottfried Keller s’en
prendra à son refus de réalisme
alors que Conrad-Ferdinand
Meyer demeurera à distance de
son oeuvre. Son existence sera
dure, laborieuse et fatigante jusqu’à
lacinquantaine, restantconfiné
entre les salles de rédactions
et les salles de classe où il exerçait.
A 45 ans la mort de ses
beaux-parents lui valut un héritage
confortable qui lui permit
de s’adonner pleinement à l’écriture.
«Les petits misogynes» propose
dans le personnage deMax
l’étudiant-fantoche, une image
du jeuneCarl en proie à ses tourments
«romantique,rejetédetous,
à la fois follet et sagace» comme
nous le ditHenriDeblüe.
Le texte de Spitteler contient
de nombreuses touches de poésie,
avec des descriptions précises,
audacieuses, fraîches: «un
moment du jour,une rue du village,
une trouée de soleil, un chemin,
l’ombre de la forêt profonde, un
geste, un visage....» tout un ensemble de détails,
detableaux,de
galeries de portraits aussi qui
créent une atmosphère, une ambiance,
un climat hors du commun
avec un degré de réalisme
et de vérité étonnant, nous faisant
découvrir les méandres et
les rêves d’un monde de l’enfance.
Le récit relate l’épopée de trois
enfants dans une randonnée peu
commune avec de menus drames,
des scènes de séduction, de
ruptures, de confrontations anodines
ou plus graves mais dans
cette échappée«rien de mièvre ou
de complaisant. Une grande justesse
toujours, et parfois de la hardiesse
psychologique...»
Un monde enfantin à l’horizon
duquel se profile comme nous le
dit Henri Deblüe «le monde des
adultes, tutélaire, souvent trouble,
douloureux, parfois tragique». Et
HenriDeblüe de comparer cette
nouvelle à une réussite littéraire
àplacer à côtédes meilleurs nouvelles
de Gotthelf,Meyer et Keller.
«Les petits misogynes» de Carl Spitteler
aux Editions de l’Aire bleue.
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