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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 15:05

 

Daniel de Roulet, auteur romand à l’audience internationale vient de publier «Fusions» aux éditions Buchet-Chastel. L’auteur qui vit à Genève a déjà écrit plusieurs romans dont «L’homme qui tombe» «Kamikaze Mozart»... dans la même maison d’édition. Il raconte l’épopée atomique autour du destin de deux familles, l’une en Europe, l’autre auJapon; il a travaillé lui-même comme ingénieur dans une centrale nucléaire. Le livre «Tu n’as rien vu à Fukushima» écrit lors de la catastrophe dans la centrale japonaise s’est vendu à 14 000 exemplaires, a été traduit en Allemagne, aux Etats-Unis, en Espagne, en Italie.

Dans «Fusions», Big E et 3 N, deux grandes entreprises mondiales spécialisées dans le traitechaque année apporte son lot de produits pas nets, ment des déchets nucléaires, vont fusionner. M. Tita Zins, actionnaire principal et banquier, est à la tête de cette gigantesque opération qui va entraîner des licenciements inéluctables et créer des mouvements de protestation. Le problème des déchets est planétaire et est avant tout une affaire financière énorme.

 

La bataille entre Big E et 3 N a lieu à Londres entre deux femmes de fort caractère. L’affrontement va durer une journée et ce même 2 juin 1988 le président Reagan rentre de Moscou pour annoncer à la reine d’Angleterre et au monde entier la fin de la guerre froide, la fusion des empires, «Gorbatchev a cédé». «Des laboratoires de Princeton au goulag sibérien, en passant par l’apartheid sud-africain et la Chine de Mao, «Fusions» est le roman du XXe siècle-siècle pervers mais attachant, qui croyait éternelle l’épopée du nucléaire...»

 

Interview.

Fukushima, le début de la fin d’une époque: comment la politique peut-elle gérer un tel bouleversement, selon l’écrivain que vous êtes?

 

Le romancier choisit de raconter le monde à travers ses personnages. Et ces personnages inventés réagissent différemment au monde qui les entoure, aux situations, aux paysages auxquels ils sont confrontés. C’est même ça l’intérêt d’un roman, cette différence dans les comportements. Mais il y a aujourd’hui des bouleversements auxquels personne n’échappe. Fukushima, comme l’écroulement des tours jumelles, fait partie de ces situations-là qui ne laissent personne indifférent, pas même les personnages de romans. Dans Fusions, mes personnages sont confrontés à la fin de la guerre froide, à la fusion des empires. Les uns se réjouissent, les autres ne s’en remettent pas. Le romancier n’a pas à donner de conseils aux politiciens sur la marche du monde. Mais il peut transmettre le point de vue des grands scientifiques du vingtième siècle qui, tous, d’Einstein à Sakharov, mettent en garde contre la folie, la démesure, que représente le nucléaire aussi bien militaire que civil.

 

Les jeux de pouvoir et d’argent, de réseaux internationaux, de ramifications financières, voir mafieuses, passionnent l’ingénieur et l’auteur que vous êtes?

 

Il y a dans la réalité des personnages tellement hauts en couleur qu’ils concurrencent l’invention du romancier. Prenez Mme Thatcher ou Mandela. Dans Fusions, apparaît un banquier que j’appelle Tita Zins et dont la brillante carrière, y compris quand il s’intéresse aux medias, peut évoquer une figure connue de la finance helvétique. J’aime l’époque dans laquelle je vis, le roman me permet de mieux la comprendre.

La littérature peut-elle apporter une cartographie, un état des lieux, de la mondialisation actuelle qui chamboule les marchés financiers, les repères moraux, les jalons sociaux?

Le romancier ne peut être chargé de dénoncer la mondialisation. Je préfère parler de « mondialité » qui est le bon côté de la mondialisation, celui qui fait que chaque héros romanesque peut participer au destin de toute l’humanité. C’est un nouvel état des lieux que la littérature se doit de saisir. La mondialité découvre une nouvelle finitude du monde, mes personnages n’ont pas d’autre planète que la Terre que nous habitons, mes lecteurs et moi. S’il fallait parler des racines de mes héroïnes, je dirais qu’elles s’appellent mondialité. Même leurs amours tragiques ou ironiques n’ont pas d’autre horizon.

 

Cherchez-vous à délivrer un message dans vos livres?

 

Non, pas un message, une attitude. La seule responsabilité de l’auteur ce n’est pas son engagement politique, c’est son style. Et le style, celui qui s’oppose au pathos des publicitaires de l’ordre établi, c’est une question de morale.

On me demande souvent de commenter mon travail du point de vue politique parce que je prends position pour défendre le prix unique du livre, par exemple. Mais mon écriture n’est pas plus engagée qu’une autre. Au contraire, elle est pour moi effort constant pour me dégager des clichés poisseux de la pensée toute faite. Ce militantisme du style pour se déprendre du monde tel qu’il ne convient pas, je l’appelle dégagement engagé.

 

 

Daniel-de-Roulet4-FREE.JPGDaniel de Roulet, «Fusions» aux éditions Buchet-Chastel.

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