Creux de la muraille
Les passereaux sur le ciel des vignes
prolongent l'espace
la brise emporte l'étreinte du soleil
et de la terre schisteuse
pierres de taille lézard vert
la tiédeur du printemps vient se loger tendrement au creux de la muraille
l'azur se faufile dans la paume de mes mains poussiéreuses ----------
L'ombre
L'ombre descend du chêne rouillé
écrit sur le sol
les formes du silence
prépare pour la nuit
des gelées proches de l'hiver
renferme nos prières jusquà demain -----------
Attente
Enveloppe de soie sur les épilobes fragiles
il neige finement dans l'heure arrêtée de l'après-midi
j'entends les anges
murmurer des chants d'enfants
sur la margelle de la patience
les eaux bénies de l'attente -------------
Chapelet de paroles
A l'aube neigeuse
recoudre les lanières de cuir
les tissus de soie
les lambeaux de lumière
le chapelet de paroles
pour traverser à gué
la cascade bondissante
sur les galets mouillés en funambule hésitant ----------
Recueillement
Les jupes d'épicéas dansent
dans la forêt d'améthyste
branchages d'orfèvres
rivières de miettes lumineuses
autour de ton cou
le silence habite le sous-bois
le casse-noix s'est tu
le vent s'est posé à terre
recueillement
les lèvres dans la mousse fraîche -----------
Mélèze magique
L'énergie céleste du mélèze
me conduit jusque dans l'âme de ses racines
puits de lumière au milieu de l'alpage
lien magique
avec la source vivante
sous la pierre de granit
parole divine
armoise et orchidée
braises brûlantes
les mains des bergers sont crevassées
elles portent la marque de l'infatigable labeur
il faut se reposer quelques heures
attendre le miroir de l'aube ------
Nacre
L'aube traversée de givre
la nacre sous les ongles des noisetiers
la complainte sur le fil du jour
il fait clair
dans le revers des anémones
et des contrejours lacustres --------------
Promenade hivernale
La haie de mélèze
file le long du sentier
dans les alpages feutrés
la neige sort de la nuit
chargée de brillances
au soleil levant paradent les tétralyres
les lagopèdes miment d'étranges danses
sur le toit de tavillons de la chotte
suintent des perles de lumière
il fait tiède dans ce printemps perdu
en plein janvier le promeneur ramasse
de pleines brassées de bruyère mauve
pour les jeter dans tes yeux incandescents ---------
Estampes lumineuses
Frétillement de paupières blanches
le soleil se lève
sur la ligne de crête
inscrit sur le papier de riz de lumineuses estampes ---------
Prière
Le moine prie sa voix sage et fragile
tendre discrète
coule dans la voûte de l'église
comme une lueur éternelle
un filet d'eau dans l'herbe roussie de l'automne
la courbure d'un roseau dans le marais ---------
Cavalcade
Janvier solitaire
le fleuve s'est fait discret
l'eau s'est retirée des berges
mettant à nu les rochers
Sur les glaciers les houles neigeuses
emportent ma mémoire vacillante
Près du torrent
des perles d'eau grisâtres
brillent dans la lumière
les écailles des truites argentées
Cavalcade des saisons
au matin blême s'allument les rêves de prairies fleuries
les cavernes profondes de forêts estivales
Je regarde passer les troupeaux de monts enneigés -------------
Yeux rieurs
Le vol lissé de la bus
e dans le ciel tiède de l'après-midi
ses ailes soutenant haut l'arcature du cie
l les scintillations neigeuses
dans l'herbe jaune qui court au dos des collines
le temps s'est niché dans la paume de tes mains
tout près de ton cou
dans l'eau claire de tes yeux verts --------
En-haut
Le silence bleu tendu sur l'azur silencieux
le vent chanteur dégrafant les nuages blancs
la neige au creux des alpages scintillante et fragile et tes paroles comme lumière verticale en-haut de la colline près des arolles verts -----------
Il fait clair
Les bosquets
pénétrés de lumière et de douce tiédeur
abritent les faons et les rouge-gorges
le silence et son aile se sont posés dans ce puits de soleil
il fait clair
au zénith de ta promenade
quand les larmes envahissent tes yeux mouillés de givre -----------