Didier Heumann vient de publier son premier roman «L’âme des tonneaux aux éditions de l’Aire: l’auteur est un scientifique qui a une carrière professionnelle
étoffée dans la recherche fondamentale et la recherche médicale. Sa passion pour la science et le vin l’a poussé vers un projet poétique de vulgarisation des notions scientifiques attachées à la
magie du vin et de ses mystères. L’oenologie,la biologie de ces nectars,la découverte des transformations chimiques, la poésie d’un univers riche de secrets et de découvertes vous les trouverez
dans «l’Ame des tonneaux». Interview de l’auteur Didier Heumann.
Le vin , la vigne, les vignerons un monde en soi, comment en êtes-vous tombé amoureux?
Comme une grande proportion de gens qui naissent en Valais, on tombe dans la vigne tout petit. La pioche, le désherbage, les effeuilles, toutes ces tâches ingrates qui ont marqué mon enfance.
Alors arrivent les vendanges, ce moment de bonheur, synonyme d’espérance et de plénitude.
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire un livre sur un sujet si souvent traité et comment faire pour le rendre attrayant pour le grand public en parlant de macération, fermentation, levure,
nanogramme de produits sophistiqués, ménades, satyres, Dionysos…?
Les traités d’œnologie sont légion et ne s’adressent souvent qu’aux professionnels. Et pourtant, ils ne sont que le reflet des processus de la vie. Les levures et les bactéries qui fabriquent le
vin sont des êtres vivants comme nous, dont le but est de vivre et de se reproduire. Pour accomplir leur tâche, pour obtenir leur énergie vitale, elles fermentent les sucres de la pulpe des
raisins. Mais elles vont aussi fabriquer, malgré eux, des centaines d’arômes pour le bonheur de nos papilles.
Pouvez-vous résumer la trame narrative de votre ouvrage en quelques phrases, de manière à prendre le lecteur par la main et à l’emmener dans votre univers?
L’idée était de partir d’un vigneron qui avait lu des ouvrages d’œnologie mais n’avait, hélas, pas compris grand chose à la chimie de la vie et des levures. Comment mettre à la portée du grand
public de notions ma foi assez complexes ? J’ai demandé aux levures du tonneau d’expliquer à notre vigneron les mystères du vin. J’ai aussi introduit dans l’histoire un cousin du vigneron, qui
lui ne s’en tient qu’aux connaissances scientifiques actuelles.
Comment concilier de manière littéraire et concrète poésie, science, récit littéraire?
Le vin n’est que poésie et partage, mais la chimie du vin ne l’est pas. Ce n’est que de la science, des processus fort complexes, avec des milliers de molécules en jeu.
Quel était l’objectif premier de votre démarche artistique?
Ces levures que j’ai romancées et imaginées être des descendants des dieux grecs expliquent simplement et de manière poétique les processus de la vie. J’ai évidemment triché un peu. La plupart du
temps, elles disent la vérité. Mais souvent, elles inventent à leur manière, lorsque les œnologues n’ont pas de solution au problème. Puisse Homère me pardonner d’avoir trahi parfois sa pensée !
Que pensez-vous de la littérature contemporaine en tant que scientifique, écrivain à vos heures, lecteur?
Dans les librairies vous trouverez généralement des essais, des ouvrages techniques. Et ces livres ne sont lus que par des experts ou par des professionnels. A l’inverse, vous trouverez des
ouvrages grand public, ultra simplifiés, qui ne donnent qu’un aspect limité, souvent tronqué des choses. Pensez aux livres qui vous veulent donner une solution à votre régime alimentaire. Ce
livre est un compromis entre les deux genres, mais à ma connaissance, les auteurs qui ont tenté de romantiser la science ne sont pas légion.
Des projets en cours dans la création littéraire?
J’écris actuellement un livre de cuisine en collaboration avec un grand chef suisse étoilé. L’objectif est de décrire des recettes en adéquation avec ce que l’on connaìt de la diététique
d’aujourd’hui.
Editions de l'Aire-Didier Heumann "L'Ame des tonneaux"