Le val de Bagnes, la vallée de Nendaz, le col de Louvie à
2975 mètres, un névé de couleur cendrée, parsemé de grains de sable rosés du Sahara, qui s’étend au soleil, près du sentier, voici le col de Louvie, le point culminant qui sépare deux grandes
communes valaisannes qui font partie de l’un des plus grands domaines skiables d’Europe, Les Quatre Vallées.
Le col de Louvie est très fréquenté et jouit d’une renommée cantonale, voir nationale: l’un de ses atouts majeurs, hormis sa grande beauté esthétique, réside dans le fait qu’il est au centre
d’une grande réserve de bouquetins.
Ainsi en montant au col de Louvie depuis Fionnay le randonneur est quasiment garanti de rencontrer des troupeaux de bouquetins, déambulant dans les vires rocheuses, franchissant les arêtes
granitiques, ou simplement profitant de la tiédeur de l’après-midi, couchés dans les hautes herbes, après avoir brouté durant des heures sur les hauts de Louvie.
Une belle randonnée
La montée au col de Louvie n’est pas une mince affaire puisqu’elle nécessite près de cinq heures de marche, en terrain diversifié, accidenté parfois, herbeux, caillouteux, avec quelques
«fenêtres» plus aériennes qui ne décourageront cependant pas les personnes sujettes au vertige.
Au départ, côté Fionnay , le sentier traverse d’abord quelque terrain buissonneux, rythmé par l’un ou l’autre ruisseau argenté.
Puis la vraie montée s’engage dans un enchainement de virages serpentés sur une pente relativement raide, qui va nous conduire à la cabane de Louvie , une étape essentielle vers la montée au
col.
Pour arriver à la cabane près de deux heures de marche sont nécessaires, avec un pas dynamique et régulier mais sans faire exploser le «compte-tours».
Sur cette première étape on s’élève rapidement question dénivelé, prenant vite de la hauteur avec une vue imprenable sur le village de Fionnay et son lac de rétention.
En face depuis la cabane de Louvie ont peut voir se dessiner sur un rythme métronome le tracé qui conduit à la cabane de Panossière un itinéraire également très couru et qu’empruntent de nombreux
touristes.
Un bijou de lac Un petit lac aux reflets d’émeraude, de malachite ou d’un noir profond souligne le plateau de la cabane de Louvie et nous le longeons tranquillement, poursuivant notre randonnée
vers le col.
Soudain, des bâtisses de pierres aux contours fermes et solides viennent aiguiser notre curiosité, nous voilà face à un hameau de haute montagne, datant de deux siècles, qui abritait les bergers
et les vaches, les moutons, les chèvres qui passaient l’été sur les hauts de Fionnay.
Une architecture rurale qui accorde une place prépondérante au minéral, avec des murs en voûte et des toits de pierres, des proportions équilibrées et harmonieuse et une unité de construction qui
apporte à cet ensemble une identité et une authenticité alpestres époustouflantes, le tout noyé dans un environnement végétal très reposant.
Puis le sentier se poursuit dans les alpages, avec une bifurcation vers le col de Termin, qui permet lui de rejoindre la cabane du Mont-Fort.
Un itinéraire également fréquenté par les touristes qui viennent de la station bagnarde de Verbier.
Le chemin vers le col est maintenant régulier, suivant les sinuosités du relief, avec le spectacle d’une flore riche, des orchis vanillés très odorants, des ancolies délicates, des renoncules au
bleu velouté, des rhododendrons par centaines ... un tapis floral qui enchante l’oeil en formant des géométries magnifiques sur le flanc de nos montagnes.
Un animal symbolique
Après deux autres heures de marche nous voilà arrivé vers le col: là, c’est l’enchantement avec des dizaines de bouquetins, de tous âges, disséminés dans les rochers, ou dormant sur l’herbe
grasse cette année après les nombreuses précipitations que nous avons connues. Un spectacle impressionnant avec ces bêtes au corps musclé, «charpentés» comme de vrais alpinistes, avec un air
détaché et serein, le «climat tranquille» d’une réserve faisant son effet.
Un «théâtre alpestre» renversant Le col se situe à près de 3000 mètres, avec une vue en enfilade du col de Momin et de la Rosablanche, l’un des passages mythiques de la Patrouille des Glaciers...
un décor de haute montagne donc avec ses espaces infinis, sa solitude et ses silences étincelants.
Si vous poursuivez sur Nendaz, vous plongerez d’abord vers le lac de Saint-Laurent (Grand Désert), au fond du glacier de la Rosablanche: des plages parsemées de linaires blanc, des eaux froides
et miroitantes, un cirque glaciaire envoûtant, voilà de quoi ravir le promeneur. Puis c’est la descente vers la cabane de Saint-Laurent, située à 2500 mètres, et le barrage de Cleuson, au fond du
val de Nendaz, à 2300 mètres. Siviez n’est plus qu’ à un heure de marche, le car postal vous y attend pour rejoindre Haute-Nendaz ou Sion.
La journée fut longue mais éblouissante de découvertes, de quoi renouveler l’expérience. jmt