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19 avril 2016 2 19 /04 /avril /2016 16:17

Sonia Baechler, auteure valaisanne qui commence à tracer un sillon bien défini et authentique dans l’univers des lettres romandes nous a proposé en 2013 «On dirait toi» , une immersion dans une Vallée qui pourrait être le Valais, un récit qui couvre plusieurs générations, qui nous parle d’enfermement, de société patriarcale, en vase clos, de rêves de liberté et de voyage...

Les paliers formatés des institutions, la cellule familiale ont également leurs poids existentiel et on retrouve finalement un Valais tourmenté, profond, épris d’indépendance avec des Valaisans ouverts vers un autre monde qui s’annonce à eux.

Pour l'auteure de Salins écrire «On dirait toi» a été une véritable aventure: "elle m’a menée jusqu’au cœur de moi-même. J’ai vécu avec mes personnages durant plus de deux ans. Peut-être même portais-je déjà en moi ces questions et ces histoires pendant l’écriture de «Minutes d’éternité». La vraie difficulté était ailleurs. Je pensais être maîtresse de mon rythme d’écriture, contrôler mes choix, mon sujet, mais j’ai découvert que c’était l’écriture qui me faisait danser comme bon lui semblait. J’aurais voulu écrire un deuxième livre très vite après «Minutes d’éternité» mais j’ai du me rendre à l’évidence: l’histoire se révèlerait lentement. Au début, l’impatience m’a joué des tours. Mais peu à peu, j’ai trouvé un rythme et laissé l’histoire se raconter.

Du XIX e au XXIe siècle plusieurs générations qui assistent aux transformations fondamentales d’un Valais à la fois enfermé et désireux de s’ouvrir sur le monde. Marie-Adèle et son histoire vous ont -t-elles donné des ailes?

Marie-Adèle est un personnage de fiction. Elle est née de dizaines de petites histoires, emmêlées les unes aux autres, que l’on m’a racontées, de petits bouts de vie de certains de mes ancêtres et de mon imagination qui a largement pris le dessus sur la réalité. Il y sûrement un peu de moi dans ce personnage épris de liberté, qui se cherche sur la route et qui se trouve là où il ne s’attendait pas à se trouver. Marie-Adèle trouve sa liberté à la faveur des mots, tout au fond d’elle-même. Faiseuse d’histoires elle voyage où ses sens la portent. S’ouvrir au monde c’est peut-être aussi s’ouvrir à son monde à soi…

Emprisonnement et liberté, appartenance identitaire, communautaire et mondialisation, avez-vous l’impression que vos personnages sont pris entre des tenailles parfois dévastatrices?

Mes personnages se cherchent, chacun à leur façon, à différentes étapes de leur vie. Ce qui peut être interprété comme un événement dévastateur peut aussi être vu comme une délivrance. Je laisse à chacun de mes personnages, sans jugement, le choix de cette délivrance. Il la trouve dans la bouteille, la lecture, le couvent, la mort ou la magie des mots…

La religion catholique tient un rôle important dans vos narrations, un rôle parfois castrateur mais qui peut également être saisi avec une certaine distance et un sourire parfois?

J’ai beaucoup de tendresse pour tout ce qui, en ce bas monde, est imparfait…et c’est ainsi que je perçois l’église catholique. Je la regarde avec humour et distance mais je l’interroge aussi. Je suis particulièrement touchée par les propos du pape François qui, en ce début 2014, donne un nouveau visage, plus tolérant, moins jugeant, moins obscur, au catholicisme.

Les institutions comme la justice, l’Etat, la religion, l’enseignement ont un poids parfois écrasant dans vos récits. Pensez-vous que les choses aient beaucoup changé aujourd’hui?

Les formes ont changé mais pas les «combines»… Entre tradition et globalisation où vous situez-vous? J’ai énormément de respect et d’amour pour les traditions mais je me sens libre d’aller et de venir tant dans le monde que dans mon esprit. Je garde précieusement tout ce que j’ai appris, et je me tourne avec curiosité vers tout ce que le dehors, l’inconnu, l’autre peuvent m’apporter.

«On dirait toi» de Sonia Baechler, éditions Bernard Campiche, 2013,

Sonia Baechler, une auteure valaisanne authentique qui lie mémoire et fiction
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